Deux auteurs nous éclairent, et notre psychologue Nathalie Gay nous partage ses réflexions dans ce nouvel article :
Partons des propos de Michel Delage, psychiatre et thérapeute de famille français, qui écrit:
« L’homme, comme être social, est dans la nécessité biologique d’être en lien. Cela lui est nécessaire pour réguler ses émotions, apaiser les circonstances stressantes de son existence, et même pour mieux penser et donner sens à sa vie. Ces trois éléments ne peuvent pleinement se déployer que dans une grande proximité physique et psychique avec l’autre. (…) Les fonctions de reproduction et même d’élevage des enfants peuvent s’exercer en dehors d’une relation de couple. Mais sans doute les hommes et les femmes sont toujours poussés à organiser entre eux des relations de proximité stables et durables parce qu’ils ont besoin d’être attachés ». (Delage, 2009).
Il nous dit que le couple est peut-être la forme la plus courante de ce type de relation d’attachement qui permette de mieux traverser la vie.
En cela, nous avons tendance à en demander beaucoup au couple, et cela le met sous pression.
Florence Calicis, psychologue-psychothérapeute et thérapeute de famille belge, nous aide à y voir plus clair sur: qu’est-ce qu’un couple? à quoi il sert? que peut-on attendre de lui?
Elle écrit que nous en avons chacun nos représentations, plus ou moins conscientes. Le discours de la société sur le couple amoureux lui semble truffé d’illusions nocives , car trop souvent génératrices de souffrance et de déception. Parmi ces croyances - et attentes - populaires :
1- Le couple aurait pour mission de rendre heureux.
Première grande illusion.
D’où vient cette idées ? En général, les débuts d’un couple se font dans la joie, l’allégresse, la passion: les deux amoureux font l’expérience d’être des partenaires idéaux, fusionnels, l’un pour l’autre à ce moment là, formant comme un assemblage parfait. Une erreur logique risque de s’installer dans la tête des amoureux : puisque ce couple apporte à ce moment là le bonheur et la compréhension, on a tendance à attendre cela de lui pour toujours, comme si cela faisait partie des missions du couple. Il y a confusion entre les premiers effets du couple et la fonction qu’il devrait remplir sur le long terme.
2- Le couple se devrait d’être thérapeutique: chaque partenaire serait le thérapeute de l’autre et contribuerait à réparer ses blessures (d’enfance, d’histoire de couples précédents, etc).
Seconde grande illusion.
Comme nous le savons, le couple peut être un refuge où s’amortissent les chocs du quotidien : on trouve de la sécurité et du réconfort dans son couple, sa famille, le soir quand on rentre chez soi.
On peut attendre du partenaire de l’attention, de l’écoute, de la bienveillance, mais pas qu’il prenne en charge nos problèmes et les résolve à notre place. Pour l’auteure, on ne doit pas attendre que l’autre nous répare. D’abord, car généralement cela ne marche pas, puis parce que cela crée des relations de dépendance affective qui empêchent la croissance personnelle des deux partenaires. Chacun a la responsabilité de se guérir, de se soigner.
Je vous laisse avec plusieurs questions que l’auteure répertorie comme une aide pour avoir mieux conscience de ce qu’est son couple :
Quel genre de couple êtes-vous ? Quels ont été les temps forts de votre couple ? Quelles idées vos amis ont-ils de votre couple ? Quel genre de difficultés présument-ils ? Que lui envient-ils ? En quoi votre couple est-il différent des autres ?
Références :
Calicis, F. (2009). Survivre aux couples en thérapie. Thérapie familiale, n4, vol 30, pp.445-463.
Delage, M. (2009). Comment s’attache-t-on dans le couple?. Cahiers critiques de thérapie familiale et de pratiques en réseaux, n42, vol 1, pp.87-105.
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