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Pourquoi 60% des hommes préfèrent s'électrocuter plutôt que s'ennuyer

Dernière mise à jour : 24 juin 2020

Dans l'article précédent, nous avons évoqué le fait que notre société actuelle met une certaine pression à être toujours disponible. La course à la performance et à la réalisation individuelle s'accompagne souvent du fait qu'être très demandé et sollicité est interprété comme un symbole d'importance et d'utilité dans la société.


Une société active


En temps normal, lorsqu'il n'y a pas de pandémie perturbant le déroulement de nos quotidiens, nous sommes constamment stimulés par des facteurs externes, qui rythment notre attention et obligent notre cerveau à être très réactif. Interactions sociales multiples, radio, déplacements à pied, en voiture, en transports en communs : nous sentons, écoutons, voyons des milliers de choses tout au long de la journée. Même lorsque nous sommes en train d'effectuer une tâche avec une certaine concentration, un collègue vient nous interrompre, nous recevons un email ou le téléphone sonne.

"Nous sommes constamment stimulés par des facteurs externes, qui rythment notre attention et obligent notre cerveau à être très réactif"

Quelle est l'origine, le point de départ de l'ennui ?


Généralement, nous attribuons l'ennui au fait que l'environnement est inintéressant, et que nous n'avons rien à faire qui nous passionne vraiment.

Nous ne sommes pas tous égaux face à ce sentiment de vide, l'ennui est très subjectif : certaines personnes s'ennuient rarement, et d'autres, plus extraverties, sont sujettes à cet état d'esprit.

Mais est ce que l'ennui ne serait pas plutôt lié à une difficulté à être attentif, à être réellement investi dans une tâche ?

En faisant quelque chose de répétitif par exemple, nous pouvons ressentir de l'ennui, or nous sommes actif et ne faisons pas "rien".

L'attention est une capacité cognitive que notre cerveau peut produire de manière autonome, c’est-à-dire sans aide, ou alors en réaction à des stimulis extérieurs (un email, un son, une tâche à faire…). Lorsque notre attention est focalisée sur quelque chose, nous sommes concentrés.

Lorsque nous devons faire des efforts pour maintenir cette attention, et que nous n'arrivons plus à être absorbé par une activité, nous avons une sensation de flottement, d'incertitude, qui est désagréable. Nous nous ennuyons.

Psychologie expérimentale


À la fin des années 1930, le psychologue américain Joseph Barmack fut l'un des premiers à étudier les bases de l'ennui en laboratoire. Il considérait l'ennui comme une sorte de sommeil, et il a découvert que des stimulants – un cocktail d'amphétamines, d'adrénaline et de caféine – réduisaient l'impression de fatigue, de somnolence, d'inattention et d'ennui pendant des tâches répétitives, par exemple additionner des grands nombres. Ainsi, lorsque nous sommes stimulés, nous ne nous ennuyons pas.

Pour ne pas s'ennuyer et déprimer, deux personnes jouent aux jeux vidéos
Jeux vidéos sur la télévision

Confiné à la maison, nos capacités cognitives doivent gérer l'attention


Aujourd'hui, confiné à la maison, il y a moins de bruits, il y a peu ou pas d'interactions sociales. Et chacun d'entre nous a pu, ces dernières semaines, expérimenter un certain ennui.

Dans cette situation de "sous-stimulation externe", nos ressources cérébrales internes doivent se mettre au travail et notre cortex pré-frontal doit activer lui-même la capacité d'attention.

Cette activation est parfois difficile, car nous l'avons vu : nous avons l'habitude d'être sans cesse stimulé de l'extérieur. Ainsi, nos capacités d'auto-activation de l'attention se perdent un peu, et nous avons de la difficulté à fixer notre attention sur certaines tâches ou pensées. Vécue de manière passive, cette situation dérange.


Comment entraîner la capacité d'attention ?


L'on dit souvent que le cerveau est un muscle qui s'entretien, et qui peut donc évoluer grâce à la plasticité neuronale. Une compétence cognitive peut s'apprendre, se développer ou se perdre. La capacité d'attention peut être entraînée, par exemple grâce à des disciplines de l'attention telles que la méditation. Celle-ci consiste à apprendre à refocaliser notre attention, en se concentrant de manière intense sur quelque chose, puis en relâchant l'attention. Ces moments de relâchement où l'esprit est libre et peut vagabonder librement sont essentiels.

60% des hommes préfèrent s'électrocuter plutôt que s'ennuyer


Aujourd'hui, nous cherchons à les combler ces moments de relâchement (d'ennui!) au maximum avec des empêcheurs d'ennui tel que le smartphone. Les fonctions cérébrales qui traitent ces moments d'ennui ne savent plus y faire face simplement, c'est donc un effort à fournir qui est vécu de manière pénible

En 2015, une expérience de Timothy Wilson dans le journal Science invitait des individus de la population générale en laboratoire à choisir entre deux options :

  1. Rester sans bouger pendant 15 minutes

  2. Appuyer sur un bouton qui délivre des chocs électriques.

Le résultat ? Plus de 60% des hommes ont préféré s'administrer des chocs électriques, pour s'occuper, plutôt que de s'ennuyer.

Le fait de choisir une activité au détriment de notre santé souligne le risque important de céder à des conduites addictives pendant cette période de confinement à domicile.

Plutôt que s'ennuyer, nous avons une tendance à consommer davantage de sucre et de mauvaises graisses que d'habitude, mais aussi des substances nocive (tabac, alcool), du temps d'écran. Nous sommes addict au fait de s'occuper, parfois au détriment de notre santé.


Comment s’entraîner et mieux vivre l'ennui ?


Avez-vous remarqué que lorsque vous exécutez une tâche purement automatique (conduire sur l'autoroute, lavage des vitres, plier le linge...), il arrive que votre esprit se mette à vagabonder librement ? Vous pensez à des choses sans lien avec ce que vous êtes en train de faire, passez d'un thème à l'autre en sautant du coq à l'âne.

L'ennui, bien pratiqué, permet à notre esprit de se renouveler, de mettre le cerveau en "mode défaut".

Pendant ces pauses, le cerveau fait le tri dans les informations, sélectionne les apprentissages à consolider, et construit la mémoire. En cas de stimulation permanente, par exemple en cas d'utilisation d'un smartphone, cette mise en mémoire de la matière grise se fait moins régulièrement.


Chez Walk2Talk, nous utilisons beaucoup ce mécanisme car la marche, pratiquée pendant la consultation psychologique, est une activité automatique. Notre cerveau n'a pas besoin de diriger son attention sur cette activité, et peut donc vagabonder librement. Cela permet aux clients de Walk2Talk de développer une grande créativité et ouverture d'esprit, afin de trouver des solutions à leur difficultés, ou de les voir sous un angle différent.



Comment bien s'ennuyer ?


L'ennui est un acte volontaire, il faut le choisir, et non le subir. Aujourd'hui, nous vivons un ennui forcé. Les mesures sanitaires impliquent de rester à la maison, et pour beaucoup, de subir l'ennui qui nous est imposé. Nous devons accepter de ne pas tout savoir, de devoir attendre, et ces incertitudes mêlées à l'ennui amènent notre esprit à vouloir s'occuper constamment, et à refuser l'ennui.

Pour bien s'ennuyer voici mes conseils :

  • Être dans l'accueil, la réceptivité de l'ennui : ne pas focaliser son attention sur quelque chose, comme disait Claude François "Plus j'y pense et moins j'oublie"

  • Laisser des plages libres dans notre journée pour s'ennuyer volontairement : déconnecter des réseaux sociaux, éteindre le téléphone et l'ordinateur, et laisser son esprit enfin libre, sans sollicitations

  • Se focaliser sur "être" plutôt que sur "faire"… et réfléchir à cela

  • Pour mieux vivre psychologiquement l'ennui: accepter les ressentis qui viennent, ne pas essayer de résister à l'ennui, et lâcher prise. Chercher le sens de ce vide.

  • Prendre le temps, l'ennui s'apprivoise doucement !


Besoin d'aide ? Envie d'aller plus loin ?


Nous vous invitons à faire une consultation d'essai chez Walk2Talk. En vous promenant calmement, sans but précis si ce n'est que penser à vous, vous pourrez laisser votre esprit vagabonder librement et aborder avec un(e ) professionnel(le) de l'écoute les problématiques personnelles laissées en suspens depuis longtemps.


A bientôt,


Mireille Régis

Fondatrice de Walk2Talk


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